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Psychologie

Quelques vérités sur le mensonge

6 décembre 2007

Johanne Bernatchez

La vérité peut être une affaire très subjective. Devant un évènement, plusieurs perceptions d'une même réalité peuvent être évoquées, sans que la vérité ne soit entachée, parce que les témoins, dans ce cas-là, sont généralement de bonne foi et sincères. Mais il arrive que la vérité soit maltraitée. Lorsqu'il y a une intention consciente de biaiser les faits, de modifier la réalité pour arriver à des fins plus ou moins louables. En cette fin d'année, moment toujours propice au bilan et à la réflexion, arrêtons-nous un peu sur notre rapport à la vérité et, surtout, à son antithèse : le mensonge.

Bleu...

D'abord, il y a le mensonge bleu. Bleu ciel. C'est un mensonge qu'on dit pour faire du bien. Il se veut bien intentionné et est plutôt innocent. On le commet sans trop de culpabilité, parfois allègrement. À la personne qui découvre la vérité, un peu plus tard, il ne fait généralement pas de mal. On le pardonne aisément.

Il se veut parfois ludique. Levez la main, celles et ceux qui n'ont jamais parlé du Père Noël à un jeune enfant! Pour un enfant, le gros personnage rubicond a quelque chose de bon et de bienveillant. Lorsqu'en grandissant, l'enfant finit par découvrir la vérité, sa déception est souvent éphémère. Il lui reste, dans certains cas, une impression de magie en cette période de l'année. L'innocuité de cette fausseté est telle que la majorité des adultes perpétuent la légende!

Le mensonge bleu se veut aussi flatteur à ses heures. Chez l'adulte, il est alors pardonnable aussi car, en vérité, il se produit dans une complicité tacite des interlocuteurs. La parole est commise par l'un, mais l'autre, complaisamment, choisit d'y croire, ou du moins de fermer les yeux… «Oui, la petite blonde est assez jolie, mais je préfère les brunes comme toi.» Ah! Bleu, bleu, l'amour est bleu lui aussi.

Blanc…

Il y a aussi le mensonge blanc. Celui que l'on commet pour protéger, pour éviter de blesser, ou encore, par manque de courage : «Je n'ai pas osé lui dire… Il le saura bien assez vite.» Dans ce dernier cas, on cherche davantage à se préserver plutôt qu'à ménager l'autre. On cherche à s'éviter d'affronter la réaction de l'autre…

Généralement, le mensonge blanc blesse quand on le découvre. Il est plutôt nuisible et souvent inutile, car la vérité qu'il cherche à cacher fera mal de toute façon quand celle-ci sera dévoilée. Il blesse plus profondément aussi. Il transmet indirectement à l'autre la piètre opinion qu'on a sur ses capacités à affronter la vérité. Le mensonge blanc peut également malmener la qualité d'une relation. Il engendre déception et ébranle la confiance qu'on avait envers l'autre : «Pourquoi ne me l'as-tu pas dit? J'aurais préféré savoir la vérité tout de suite. Me caches-tu autre chose?» Il peut heureusement être pardonné, car, malgré tous les dommages qu'il peut causer, son intention n'est, au fond, pas si malveillante.

Rouge…

Et il y a le mensonge rouge. Rouge danger. Celui fait par duplicité, par égoïsme ou par méchanceté pure. Il blesse à tout coup. Profondément, dans l'intégrité d'une personne. Il démolit des relations. La perte de confiance est quasi irréversible : «Je ne sais pas si je pourrai te faire confiance à nouveau.» Il a des odeurs de trahison. Il peut ronger de remords celui qui l'a commis. Il finit toujours par rattraper celui qui le commet sans scrupules. Malheur à celui qui, pour s'en sortir, utilise à nouveau le mensonge, car il se retrouvera enlisé davantage dans la fausseté au point de ne plus savoir distinguer le vrai du faux. Il est extrêmement difficile à rattraper. Parfois, miraculeusement, avec une dose massive d'honnêteté, de vérité et de courage…

L'adage dit : faute avouée à demi pardonnée. Dire la vérité? Oui, le plus souvent. Surtout à considérer le peu d'avantages que le mensonge comporte, même avec les intentions les plus généreuses et les plus honorables. Prendre le temps de réfléchir à comment et quand dire la vérité fera probablement toute la différence.

Mais le mensonge le plus cramoisi de tous, celui qui provient d'une faiblesse momentanée de l'être, celui dénotant d'une telle complaisance envers soi-même qu'il correspond ni plus ni moins à une stagnation chez un individu, à un refus d'évoluer : le mensonge qu'on se fait à soi-même. Heureusement, l'issue est en nous.

En collaboration avec le Service de psychologie et d'orientation.